Cet été a été compliqué. Difficile. Quasi insoutenable.
J'ai failli tout plaquer.
Au bout d'1 an et demi d'installation, oui.
Et pourtant j'aime mon métier. Quand je peux le pratiquer dans des conditions acceptables.
Avec 15 vraies minutes à accorder à chaque patient au minimum, pas 6 ou 7.
Quand je peux faire de la prévention.
Quand j'ai les moyens de BIEN le faire, tout simplement.
Mais pourquoi je n'en ai pas les moyens ?
Parce que personne ne veut s'installer dans ma ville ? C'est certain que la population dans mon bassin de vie est vieillissante. Et les jeunes commencent à revenir dans la ville de leur enfance. Et font des enfants. Dans ma patientèle, j'ai 20% de plus de 70 ans, et 17% de moins de 16 ans. C'est varié comme activité. Mais la moyenne de travail est de 4000 consultations et 500 visites par an et par médecin dans ma région. Ca ne me semble pas insurmontable.
Parce que certains confrères ne peuvent plus faire que de l'abattage ? Est-ce que par ricochés, je ne suis pas quelque part obligée de soutenir le même rythme de travail ? Pas forcément. Je ne devrais pas être tributaire du mode d'exercice des autres, et surtout je ne dois pas me laisser contaminer par un mode de travail qui n'est pas le mien et qui n'est par conséquent pas satisfaisant pour moi.
C'est peut-être parce que je n'ai pas été formée à la pratique de la Médecine Générale ambulatoire, à la médecine de ville, au delà de la médecine de famille, à la médecine de premier recour, à la gestion d'une entreprise (oui, une vraie petite entreprise, avec des salariés, des factures à payer, des commandes à passer).
J'ai choisi cette spécialité de Médecine Générale de manière volontaire, pas par dépit comme peuvent encore le penser certains autres spécialistes ou patients.
Cependant, je n'avais JAMAIS mis les pieds dans un cabinet de Médecine Générale, à part en tant que patiente.
Quand j'y repense, ça me semble incroyable d'avoir eu la possibilité et la chance de tester beaucoup de spécialités, médicales ou chirurgicales, mais JAMAIS la Médecine Générale.
Ca me semble aussi incroyable qu'il n'y ait pas eu plus de cours dans ma fac de prise en charge des pathologies courantes, de jeux de rôles ("Bonjour, j'ai mal au ventre, c'est quoi ?"), des cours d'éducation des patients à l'intérêt des consultations de bobologie.
Ca me semble toujours incroyable de ne pas avoir au moins assisté à un petit séminaire obligatoire, on va dire durant l'internat de Médecine Générale, de gestion de cabinet (les différents types d'installation, les charges à prévoir, les assurances à prendre...).
Et je me demande, aujourd'hui, maintenant, en écrivant, comment j'ai pu, FOLLE que je suis, choisir de nous plonger, moi et mon TeddyBear, dans l'inconnu le plus total.
#PrivésDeMG