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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 11:26

Voici quelques phrases dites mot pour mot par des patients, dont la logique me laisse perplexe.

La réflexion qui les mène à de telles évidences ne cesse de m'interroger.

 

« Elle a eu chaud toute la journée, mais il faut dire qu'elle est restée dans la maison tout le week end ».

 

Donc, elle a fait comme une tuile, elle a conservé la chaleur de la maison pour la restituer le lundi.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Je dois vous dire que depuis que j'ai eu ce gros choc psychologique, je fais beaucoup d'infections urinaires ».

 

C'est bien connu l'effet de l'augmentation du taux d'adrénaline sur le développement bactérien intra vésical. J'ai lu un paquet d'études là dessus récemment.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Prescrivez moi l'Arthrosia° là, ça me purifie le sang »

 

Arthrosia°, anti inflammatoire de son état, nouvelle méthode de dialyse, très prisée des insuffisants rénaux.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Ça sentait trop les produits de décapage, alors j'ai été obligé de recommencer à fumer ».

 

Bah ça fonctionne comme les spray pour chiotte, la fumée de cigarette permet de cacher l'odeur des produits toxiques.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Ça me gratte beaucoup sur les bras mais c'est parce que j'ai été opérée de la totale il y a plus de 20 ans ».

 

Alors là, les démengeaisons retardées, c'est tout à fait possible. Comme certaines maladies professionnelles : ça peut se voir jusqu'à longtemps après l'exposition.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Je lui ai DIT que son rhume venait de ses chaussettes mouillées ».

 

Le rhume des pieds. Je devrais proposer ça en sujet de thèse tiens, ça devrait permettre de faire une publication.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Il faisait froid, alors forcément ma tension est montée à 30 ».

 

Ce qui permet au sang pas encore gelé d'être propulsé dans les vaisseaux et de se comporter comme un brise glace.

Enfin, je pense.

Enfin, je crois.

Enfin je suis pas sûre.

 

« Ah non, je suis pas constipée. Pour preuve, quand j'ai mes règles, je perds bien le sang ».

 

Alors là, je sais pas.

 

 

Tout ça pour dire que le mode de pensée de certains patients est totalement opaque pour nous, soignants, très attachés à la logique cartésienne.

Et parfois, ce serait en effet bien pratique d'avoir un sous titrage, comme le dit Armance ici

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 11:32

J'ai envie de rêver ma résolution.

 

Une résolution professionnelle.

 

Qu'est ce que je pourrais bien changer dans ma pratique actuelle pour

1- me sentir mieux

2- mieux m'occuper de mes patients ?

 

Tout d'abord mes horaires.


Je rêve de recevoir uniquement sur RDV, avec des créneaux différents en fonction du motif de consultation :

  • 20 minutes pour la gynéco

  • 30 minutes pour le suivi des enfants

  • 30 minutes pour les pathologies dépressives et associées

  • 10 minutes pour les renouvellements, les rhino, les angines, les otites et les gastro.

Ca me permettrait de voir autant de monde, mais en donnant le temps nécessaires aux consultations longues. Pouvoir sentir que je ne bâcle pas la consultation à ne pas bâcler.

 

Et ça signifierait pour moi des horaires précis, sans gros dépassements, sans surprise. Des visites en faible nombre, moins de kilomètres annuels, uniquement les justifiées.

 

Ensuite améliorer l'utilisation du logiciel patient par tout le monde.

 

Remplir l'intitulé de la consultation du jour, afin de pouvoir retrouver plus facilement LE truc.

Faire les ordonnances à partir du logiciel, pour qu'on puisse y avoir facilement accès et surtout qu'on puisse relire les prescriptions.

Noter les innombrables INR avec les doses recommandées d'AVK, histoire de gagner du temps pour les appels suivants. « Et votre INR la dernière fois il était à combien ? Et vous preniez quelle dose ? Et c'était il y a combien de temps ? » Tout ça peut être écrit sur la meme ligne du logiciel en 10 secondes chrono.

Noter les traitements donnés suite à un appel téléphonique. Pour ne plus avoir les fameux : "Allo, c'est pour votre ECBU, je vous ai préparé une ordo avec un antibiotique car il y a un microbe. Ah ? DrAssocié vous a déjà fait une ordonnance ? Bon, je vais jeter la mienne alors, désolée de vous avoir dérangée."

 

Enfin éduquer tous ensemble et de la même manière les patients.

 

Refuser les visites non justifiées. Et faire la régulation des demandes de visites pour les associés et refuser les visites refusables.

Refuser les patients sans RDV qui viennent sur les plages de RDV.

Refuser les patients qui arrivent après l'heure de fermeture. Mais, ne pas refuser des patients qui sont venus à l'heure dans la plage sans RDV, même s'il est déjà 13h20 quand c'est enfin leur tour.

Ne pas prendre le téléphone le matin avant l'arrivée de la secrétaire.

Ne pas faire d'ordonnances sur le coin du bureau pour le renouvellement du traitement post ischémique.

Ne pas faire de certificat de sport sur le coin du bureau.

Faire payer au patient ce qu'il doit (donc côter les MGE, MNO, IK etc).

 

 

 

En fait, ce que j'aimerais, c'est travailler AVEC mes confrères, et pas à côté d'eux, pas contre eux.
Et surtout, j'aimerais qu'on me laisse la possibilité de travailler pour mes patients. Pour leur offrir la meilleure prise en charge dont je suis capable, et le moins de perte de chance possible.

Mais pour pouvoir faire ça, j'ai besoin d'énergie.

 

Et donc j'ai besoin de ne pas laisser mon énergie se perdre dans des problèmes d'organisation.

 

 

Ma résolution, pour 2014, c'est de pouvoir faire un 14 juillet à moi, avec un feu d'artifice sur un fond musical que j'aime. Une révolution !

 

MA révolution.

 

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 16:58

Le métier de médecin n'est pas le plus aisé.

Des horaires extensibles à loisir, y compris pendant les vacances ou les week end (lequel d'entre nous n'a jamais regardé les résultats biologiques sur les serveurs internet ? Lequel n'est jamais retourné au cabinet médical pour lire son courrier avant de revenir?)

 

Et il paraitrait que c'est encore plus compliqué quand on est une femme.

 

Quoi ? Nous serions plus faibles ? Moins résistantes ?

Bon, certes, je râle beaucoup, je me plains de la charge de travail. Mais je n'ai pas l'impression de me plaindre plus que mes confrères hommes (bon peut-être un peu, mais c'est surtout lié à mon caractère). Que ceux qui me connaissent me disent ce qu'ils en pensent.

Par contre, en effet, j'ai moins de muscles, j'ai plus de difficultés à bouger le papi de 80kg, tout comme j'ai du mal à bouger une brouette remplie de 80kg de gravier.

 

Mais passons sur ces considérations.

 

Ce qui m'ennuie le plus, ce qui me mets le plus mal à l'aise, ce sont les propos limite sexistes tenus à mon encontre.

Les « HOUUUU vous avez mis une jolie jupe » avec une tête évoquant celle du loup de Tex Avery, langue déroulée comprise.

Les regards appuyés sur le petit décolleté que je mets en été, quand il fait 45° dans le bureau.

Les « Et sinon vous êtes mariée ? » en quête d'un, on ne sait jamais, rendez vous ?

Les « J'ai remarqué que j'éternue à chaque fois que j'éjacule, c'est normal ? Je peux vous montrer si vous voulez » (véridique).

 

Peut-être que j'interprète un peu trop les propos et les comportements de mes patients ?

Peut-être un cours sur la communication non verbale qui m'aurait traumatisé ?

 

Je vous raconte la dernière expérience en date (hier matin, ce n'est pas vieux).

 

C'est un ancien patient, dont je soigne toujours l'épouse. Ils vivent à domicile. Elle n'a plus toute sa tête, Aloïs est encore passé par là.

La libido de MrCho est au top de sa forme. Il fait appel au téléphone rose, à des professionnelles, bref, il ne se gêne pas. Ce qui est tout à fait normal et non choquant.

Ce qui peut gêner un peu plus, ce sont les rencontres avec celles de ses voisines qui sont démentes. Mais pourquoi pas, si elles sont d'accord.

 

Par contre, quand il se permet de me faire des propositions plutôt indécentes, là ça me gêne.

Bien sûr, c'était finement amené, une approche totalement indirecte, voire INNOCENTE, mais tellement chargée de sous entendues.

 

MrCho « Et sinon, vous êtes mariée ? (Notez toujours la même approche, citée plus haut)

Moi - Oui

MrCho « Et vous avez des enfants ?

Moi - Non

MrCho « C'est vrai qu'avec votre métier c'est difficile. Pourtant les femmes ont été créées pour faire des enfants, mais bon, l'évolution de la société... (AAAAAAH ça commence à me plaire ça)

Moi - C'est certain que mes horaires sont peu compatibles avec un enfant

MrCho « Remarquez, il y en a qui n'y arrivent pas à en avoir, des enfants. Regardez, il y a 6 mois, une des infirmières de mon épouse, avec son mari, ils ne pouvaient pas en avoir. Bon c'était LUI le coupable, il avait des traitements qui rendent stérile. Hé ben elle était triste, mais triste...(Hou le grand méchant mari)

Moi - Moui

MrCho « Bon j'ai bien compris qu'elle me proposait de lui faire un enfant hein. Et j'aurai pu, et DE BON CŒUR docteur. Mais bon, et s'il avait été malformé ? Hein ? On aurait été 3 à être tristes. Elle, son mari, et puis moi. Alors j'ai refusé.

Moi - Mmmmm

 

Bon, je sais pas vous, mais moi j'ai compris, au milieu de tout ça : « Je suis encore fringuant et vert, j'intéresse des femmes jeunes. Je peux te faire découvrir des choses, Docbulle, c'est quand tu veux où tu veux. ».

Je me suis peut-être montée la tête toute seule hein. Je ne sais pas.

Est ce que les médecins de sexe masculin ont aussi à faire avec ce genre de remarque ?

J'imagine que certains ont eu droit à des érotomaniaques, ou des femmes sans sous vêtements entreprenantes.

 

Moi je me suis sentie agressée.

Et j'angoisse à l'idée de devoir le recroiser dans 1 mois pour le renouvellement de son épouse.

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 07:00

J'ai essayé de réfléchir, comme tous mes confrères, au pourquoi.

 

Pourquoi on connait si peu la médecine de ville, qu'elle soit d'ailleurs Médecine Générale ou autres spécialités.

Essayez de trouver des cardiologues tentés pour s'installer dans des zones peu dotées, un peu éloignées des CHU, pour faire de la cardiologie de "débrouillage", si vous me permettez l'expression.

 

Est-ce parce que nos professeurs de fac, hospitalo-universitaires, n'ont eux-même que peu de lien avec la Médecine Générale et la médecine libérale ? C'est vrai qu'un y repensant, je n'ai pas le souvenir d'avoir eu un enseignant, durant mes 6 premières années d'étude, ne pratiquant qu'en libéral, mais je me trompe peut-être.

 

Est-ce une volonté politique ? Je n'ose pas y croire.

 

C'est pourquoi je suis impatiente de connaître les idées de notre ministère de tutelle sur la manière d'améliorer la formation des jeunes générations pour leur donner les moyens et l'envie d'avoir l'activité dont je rêve encore.

 

En attendant, voici les idées communes de nombreuses personnes motivées par le sujet.

 

 

 

Médecine générale :

dernier arrêt avant le désert

 

Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur tout le territoire ?

Certains d’entre nous avaient fait en 2012, un certain nombre de propositions dans le cadre de l’opération #PrivésDeDéserts.

Marisol Touraine présente ce lundi sa Stratégie nationale de santé. Cet évènement constitue l'occasion de nous rappeler à son bon souvenir, rappel motivé par l'extraordinaire enthousiasme qui avait accompagné nos propositions (voir plus bas les 600 commentaires) dont aucune n'a été reprise par la Ministre.

Nos idées sont concrètes et réalistes pour assurer l'avenir de la médecine générale et au-delà, des soins primaires de demain.

Notre objectif est de concilier des soins de qualité, l’éthique de notre profession, et les impératifs budgétaires actuels.

Voici une synthèse de ces propositions.

Sortir du modèle centré sur l’Hôpital

Depuis des décennies, l’exercice de la médecine ambulatoire est marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en médecine. La médecine hospitalière et salariée est devenue une norme pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice ambulatoire qu’ils n’ont jamais (ou si peu) rencontré pendant leurs études.

Cette anomalie explique en grande partie les difficultés actuelles. Si l’hôpital reste le lieu privilégié d’excellence, de recherche et de formation pour les soins hospitaliers, il ne peut revendiquer le monopole de la formation universitaire. La médecine générale, comme la médecine ambulatoire, doivent disposer d’unités de recherche et de formation universitaires spécifiques, là où nos métiers sont pratiqués, c'est-à-dire en ville et non à l’hôpital.

La formation universitaire actuelle, pratiquée quasi-exclusivement à l’hôpital, fabrique logiquement des hospitaliers. Pour sortir de ce cercle vicieux, il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.

Cette réforme aura un double effet :

Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice. Nous ne pouvons reprocher aux étudiants en médecine de ne pas choisir une spécialité qu’ils ne connaissent pas.

-  Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.

Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.

Toute mesure visant à obliger les jeunes médecins généralistes à s’installer en zone déficitaire aura un effet repoussoir majeur. Elle ne fera qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.

Une véritable modernisation de la formation des médecins est nécessaire. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’opportunités manquées depuis 50 ans par méconnaissance de la réalité du terrain. Si la réforme Debré de 1958 a créé les CHU (Centres Hospitaliers et Universitaires), elle a négligé la création de pôles universitaires d’excellence, de recherche et de formation en médecine générale. Ces pôles existent dans d’autres pays, réputés pour la qualité et le coût modéré de leur système de soins.

Idées-forces

Les principales propositions des médecins généralistes blogueurs sont résumées ci-dessous. Elles sont applicables rapidement.

  • Enseignement de la Médecine Générale par des Médecins Généralistes, dès le début des études médicales
  • Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.
  • Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital :

Ces maisons de santé se voient attribuer un statut universitaire. Elles hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique (3000 créations de postes). Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.

  • Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner :

Statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.

  • Création d’un nouveau métier de la santé : “Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt” (AGI).

Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt. Les nouveaux postes d’AGI pourraient être pourvus grâce au reclassement des visiteurs médicaux qui le souhaiteraient, après l’interdiction de cette activité. Ces personnels trouveraient là un emploi plus utile et plus prestigieux que leur actuelle activité commerciale. Il s’agirait d’une solution humainement responsable. Il ne s'agit en aucun cas de jeter l'opprobre sur les personnes exerçant cette profession.

  • Les « chèques-emploi médecin »

Une solution innovante complémentaire à la création du métier d’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.

Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien). Il libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse beaucoup de jeunes médecins.

 

Nos propositions et nos visions de l’avenir de la Médecine Générale, postées simultanément par l'ensemble des 86 participants, sur nos blogs et comptes Twitter, le 23 septembre 2013, sont des idées simples, réalistes et réalisables, et n'induisent pas de surcoût excessif pour les budgets sociaux.

L’ensemble des besoins de financement sur 15 ans ne dépasse pas ceux du Plan Cancer ou du Plan Alzheimer ; il nous semble que la démographie médicale est un objectif sanitaire d’une importance tout à fait comparable à celle de la lutte contre ces deux maladies.

Ce ne sont pas des augmentations d’honoraires que nous demandons, mais des réallocations de moyens et de ressources pour rendre son attractivité à l’exercice libéral.

 

Les participants à l'opération (Noms ou Pseudos Twitter) :

 

1.     Docteurmilie 

2.     Dzb17 

3.     Armance64 

4.     Matt_Calafiore 

5.     Docmam 

6.     Bruitdessabots 

7.     Ddupagne 

8.     Souristine 

9.     Yem

10.   Farfadoc

11.   SylvainASK

12.   Docteur Sachs Jr

13.   Méd Gé de L’Ouest

14.   Docteur Gécé

15.   DrKalee

16.   DrTib

17.   Gélule, MD

18.   DocAste

19.   DocBulle

20.   Docteur Selmer

21.   Dr Stephane

22.   Alice Redsparrow

23.   Docteur_V

24.   Dr_Foulard

25.   Kalindéa

26.   DocShadok

27.   Dr_Tiben

28.   Bismuth Philippe

29.   PerrucheG

30.   BaptouB

31.   Juste un Peu Sorcier

32.   Elliot Reid-like

33.   MimiRyudo

34.   SacroStNectaire

35.   DrGuignol

36.   DrLebagage

37.   Loubet Dominique

38.   CaraGK

39.   DocArnica

40.   Jaddo

41.   Acudoc49

42.   AnSo1359

43.   DocEmma

44.   DrPoilAGratter

45.   GrangeBlanche

46.   Docteur Pénurie

47.   Borée

48.   10Lunes

49.   Echocardioblog

50.   OpenBlueEyes

51.   nfkb

52.   Totomathon

53.   SophieSF

54.   SuperGélule

55.   BicheMKDE

56.   Knackie

57.   DocCapuche

58.   John Snow

59.   Babeth_Auxi

60.   Jax

61.   Zigmund

62.   DocAdrénaline

63.   DrNeurone

64.   Cris et chuchotements

65.   YannSud

66.   Nounoups

67.   MademoiselleAA

68.   Boutonnologue

69.   Françoise Soros

70.   Une pédiatre

71.   Heidi Nurse

72.   NBLorine

73.   Stockholm

74.   Qffwffq

75.   LullaSF

76.   DocteurBobo

77.   Martin Minos

78.   DocGamelle

79.   Dr Glop

80.   Ninou

81.   Martin Winckler

82.   UrgenTic

83.   Tamimi2213

84.   Doc L

85.   DrLaeti

86.   LBeu

 

 

 

 

http://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/PrivesDeMG/?p=1

 

https://www.facebook.com/pages/Priv%C3%A9s-de-MG/667223639954475?hc_location=stream

 

@PrivesDeMG ou https://twitter.com/PrivesDeMG

 

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 16:50

Cet été a été compliqué. Difficile. Quasi insoutenable.

J'ai failli tout plaquer.

Au bout d'1 an et demi d'installation, oui.

 

Et pourtant j'aime mon métier. Quand je peux le pratiquer dans des conditions acceptables.

Avec 15 vraies minutes à accorder à chaque patient au minimum, pas 6 ou 7.

Quand je peux faire de la prévention.

Quand j'ai les moyens de BIEN le faire, tout simplement.

 

Mais pourquoi je n'en ai pas les moyens ?

 

Parce que personne ne veut s'installer dans ma ville ? C'est certain que la population dans mon bassin de vie est vieillissante. Et les jeunes commencent à revenir dans la ville de leur enfance. Et font des enfants. Dans ma patientèle, j'ai 20% de plus de 70 ans, et 17% de moins de 16 ans. C'est varié comme activité. Mais la moyenne de travail  est de 4000 consultations et 500 visites par an et par médecin dans ma région. Ca ne me semble pas insurmontable.

 

Parce que certains confrères ne peuvent plus faire que de l'abattage ? Est-ce que par ricochés, je ne suis pas quelque part obligée de soutenir le même rythme de travail ? Pas forcément. Je ne devrais pas être tributaire du mode d'exercice des autres, et surtout je ne dois pas me laisser contaminer par un mode de travail qui n'est pas le mien et qui n'est par conséquent pas satisfaisant pour moi.

 

C'est peut-être parce que je n'ai pas été formée à la pratique de la Médecine Générale ambulatoire, à la médecine de ville, au delà de la médecine de famille, à la médecine de premier recour, à la gestion d'une entreprise (oui, une vraie petite entreprise, avec des salariés, des factures à payer, des commandes à passer).

 

J'ai choisi cette spécialité de Médecine Générale de manière volontaire, pas par dépit comme peuvent encore le penser certains autres spécialistes ou patients.

Cependant, je n'avais JAMAIS mis les pieds dans un cabinet de Médecine Générale, à part en tant que patiente.

Quand j'y repense, ça me semble incroyable d'avoir eu la possibilité et la chance de tester beaucoup de spécialités, médicales ou chirurgicales, mais JAMAIS la Médecine Générale.

Ca me semble aussi incroyable qu'il n'y ait pas eu plus de cours dans ma fac de prise en charge des pathologies courantes, de jeux de rôles ("Bonjour, j'ai mal au ventre, c'est quoi ?"), des cours d'éducation des patients à l'intérêt des consultations de bobologie.

Ca me semble toujours incroyable de ne pas avoir au moins assisté à un petit séminaire obligatoire, on va dire durant l'internat de Médecine Générale, de gestion de cabinet (les différents types d'installation, les charges à prévoir, les assurances à prendre...).

 

Et je me demande, aujourd'hui, maintenant, en écrivant, comment j'ai pu, FOLLE que je suis, choisir de nous plonger, moi et mon TeddyBear, dans l'inconnu le plus total.

 

#PrivésDeMG

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10 août 2013 6 10 /08 /août /2013 09:42

Il y a plein de sujets de post en ce moment, beaucoup de choses que j'ai envie de tourner sous toutes les coutures puis de disséquer pour comprendre. Pourquoi je m'investis autant pour certains patients (que j'aime même pas en plus) ? Pourquoi je me sens si épuisée ? Pourquoi je me plains si souvent et avec tant de force ?

 

Au final, je me rends compte que tout est lié au même problème.

A une seule et même putain de qualité (?) : mon incapacité à dire non.

Alors, incapacité à dire non, je m'entends. Je SAIS utiliser ce mot. Mais pas tout seul.

 

Le « non » profond et intense, servant de point final à une discussion désagréable, celui là, je ne le maitrise pas.

Et avec personne d'ailleurs. Pas avec les patients, pas avec mes confrères, pas avec mes associés, pas avec mes potes, ni même avec ma famille.

 

J'ai toujours la sensation que si je ne motive pas ma décision, elle sera rejetée. Que je serais mise au ban (oui, au moins ça).

 

« Ah non mais là Docteur, il lui faut des antibios ! »

- Vraiment, non, je ne pense pas que ce soit adapté. Ce qu'il a est viral, si on met les antibio maintenant blablabla (épuisement qui peut être suivi d'un abandon de la bataille)

 

« Et surtout vous me mettrez « non substituable » sur tous les médicaments hein »

- Je ne peux pas, il faut que ce soit pour une raison médicale comme une allergie au générique blablabla (épuisement qui est toujours suivi d'un abandon)

 

« Au fait Bulle, tu pourras passer une commande ? On a plus de papier/stylos/cartouches d'encre. Et si tu peux appeler le comptable pour organiser les contrats pour le remplaçant de la femme de ménage... »

- Oui, bien sûr (pauvre cruche)

 

« Il faudrait organiser une IRM pour ce patient qui sort de notre service avec ce qui ressemble à une SEP. Je laisse le soin au médecin traitant de contacter le service de radiologie afin de prendre le RDV pour l'examen. Confraternellement. Dr DeLaTête »

- Allo la radio ? Il faudrait un RDV rapide pour Mr Engourdissements. C'est le Dr DeLaTête qui souhaite que je m'en occupe (vraiment cruche)

 

« Bonjour Dr, je suis l'assistante sociale. Il vous faut appeler les centres pour que Mme AimeLaBeu puisse être accueillie, parce que là, vraiment, elle peut pas rester dans ces conditions d'incurie à la maison, vraiment. »

- C'est pas mon boulot, mais BIEN SUR, je vais le faire oui (tellement cruche que j'en oublie de dire non)

 

 

Qu'est ce qui peut m'effrayer autant dans le fait de dire non ?

Le rejet de ma décision par les autres ? Et du coup le rejet tout court par les autres ?

Ou plutôt un manque de confiance en moi, qui fait que même moi je suis pas convaincue de ne pas me tromper en disant non ?

 

Je dois trouver la force de laisser partir un patient avec rien de plus qu'une poignée de main, de ne pas lui dire « Sinon, vous n'avez pas besoin de Dolimal pour la fièvre ou d'autre chose ? ».

 

Allez, je m'y mets maintenant !

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 08:22

14h11 Je débute la consultation

 

Consultation 1 : déjà vue pour douleur genou avec épanchement chez femme 52 ans. IRM faite : atteinte méniscale. Je ne sais fichtre pas quoi lui proposer, étant une bille en ortho/rhumato. Je le lui dis franchement, et propose de contacter un rhumato pour connaître la conduite à tenir la plus adaptée.

 

Appel 1 : patiente vue en visite par DrGentil, a mal au dos malgré le paracétamol. Demande si elle peut prendre de la Lamaline en attendant les séances de rééducation.

 

Consultation 2 : inconnue du cabinet. Aurait perdu 6 kg en 4 mois, sans régime, sans pathologie particulière. A 22 ans. Examen normal, pas de prise de drogues. Bilan biologique prescrit et radio thoracique pour éliminer un cancer.

 

Appel 2 : le sécretariat d'urologie me rappelle pour Mr Visite 3. Il sera vu en hospit en fin de mois. Je demande à MJ d'appeler le patient pour le prévenir.

 

Consultation 3 : demande de renouvellement, va très bien. La dernière prise de sang est parfaite, mais j'ai oublié de demander l'acide urique et le PSA, le fera avant le prochain renouvellement.

 

Appel 3 : un de mes patients est décédé, retrouvé au domicile après que la porte ait été forcée par les policiers. DrGéant ira faire le constat de décès. Ca me fout un coup cette histoire, même si je ne l'aimais pas particulièrement (c'est peut-être ça le problème : je culpabilise de ne pas être très touchée)

 

Consultation 4 : Patiente me rappelant les caricatures de mères pied-noir à la télé. Demandes dans tous les sens, mélangées avec les potins de la ville (tous faux basés sur des rumeurs, certaines concernant d'autres confrères). J'arrive à dépatouiller l'important du superflu et je la mets dehors en lui promettant mon amour éternel.

 

Consultation 5 : Nouveau patient, tellement alcoolisé qu'il s'est endormi dans la salle d'attente. En arrivant dans le bureau, il me demande s'il est bien aux impôts... Remet son cerveau dans le bon sens et m'explique venir d'une autre région, avoir besoin d'un médicament contre les acidités de l'estomac. Et puis, tiens, un peu de Subutex 8 aussi. Et puis tiens, des médicaments contre la douleur. On a convenu que je le dépannais cette fois pour son Subutex, prescrit pour 7 jours (m'a précisé qu'il le prenait rarement par voie nasale, promis juré, jamais injecté). Revient dans 7 jours. J'ai hâte.

 

Couloir 1 : une patiente me montrant sa radio et me demandant une ordonnance

 

Consultation 6 : Nouvelle patiente d'un ancien chef de SASPAS. N'est pas satisfaite de l'attente dans son cabinet. A une ribambelle de traitements homéopathiques. N'a pas d'ATCD notables personnels ou familiaux. Sauf le cancer du sein chez sa sœur. Sauf l'embolie pulmonaire de mamie. Sauf sa propre péritonite. Sauf sa ménopause précoce. Après 20 minutes de tri, je lui fais son renouvellement et une ordonnance pour vérifier l'état de ses os.

 

Appel 4 : j'appelle le rhumato pour tenter d'avoir une conduite à tenir pour Consultation 1. Le rhumato n'est pas trouvable. Je rappelerai.

 

Consultation 7 : femme enceinte de 11 semaines de grossesse, avec ventre déjà très rond, douleurs pelviennes ++. Vue par son obstétricien hier, qui lui a proposé un arrêt de travail. Elle avait refusé pour poser des congés, refusés par l'employeur. Revient pour l'arrêt. J'en profite pour lui prescrire paracetamol, spasfon et bas de contention.

 

Consultation 8 : Patiente que j'aime beaucoup, qui en chie dans la vie. Ca va faire 15 jours qu'elle a son panari malgré un traitement local bien mené. Je lui laisse le choix entre le chir et l'antibio per os. Elle choisit l'antibio. Me rappelle vendredi matin si pas d'amélioration pour aller voir le chir.

 

Consultation 9 : Patiente avec une authentique pathologie non identifiée de régulation du fer, suivie à l'EFS pour ça. Elle a en plus une hémitotalgie droite (Copyright Jaddo)

 

Appel 5 : appel d'un IDE d'une EHPAD pour équilibrer un traitement anticoagulant pas suffisamment efficace. On passe de 3/4-1/2 en alternance à 3/4-3/4-1/2.

 

Appel 6 : même IDE pour même patient. N'a pas compris pourquoi j'ai diminué la dose. Je reste interloquée et relance mon disque rayé.

 

Consultation 10 : 4 ans, ATCD de Guillain Barré avec une récupération pas trop mauvaise. A vomi une fois et a de la fièvre depuis 1 heure.

 

Appel 7 : j'arrive à joindre le rhumato, il accepte de recevoir Consultation 1 jeudi matin.

 

Appel 8 : j'appelle Consultation 1 pour la prévenir, je tombe sur le répondeur. Je prépare un papier pour MJ pour qu'elle l'appelle avant la fin de sa journée.

 

Appel 9 : demande de bon de transport « pour qu'il soit remboursé » alors que c'est pas remboursable, pour une convocation par l'hôpital. Je réexplique, après MJ, qu'on ne peut rien faire, qu'il faut voir avec l'hôpital ou la caisse.

 

Consultation 11 : injection de vitamine B12 pour un Biermer et psychothérapie de couple (en cours de séparation depuis 1 an).

 

Pause 1, j'en profite pour tenter d'améliorer le logiciel patient pour gagner du temps lors des prochaines consultations.

 

Appel 10 : de nouveau un équilibre de traitement anticoagulant.

 

Consultation 12-13-14 : famille avec petit de 7 mois, grande de 3 ans et maman de 25 ans. Les 3 ont la rhino, pas de signes de gravité, depuis 5 jours. Examen et réexplication des lavages de nez. La grande m'a mis le cabinet ET la tête en vrac.

 

Appel 11 : demande de visite d'un patient de DrGentil. Ira jeudi matin.

 

Appel 12 : une jeune femme inconnue du cabinet demande la rédaction d'un certificat de vaccination à jour. Je lui demande de venir avec son carnet de vaccination. Passera demain.

 

Consultation 15 : patiente de DrGéant, avec un problème bizarre du pouce (ressaut à la flexion de l'interphalangienne), radios normales. Je lui prescris échographie et lui dis que je n'ai aucune idée de ce que c'est.

 

Consultation 16 : enfant de 7 ans que j'ai toujours trouvé étrange. Ca se confirme. Il a un panari de l'orteil. Soins locaux.

 

Consultation 17 : jeune patiente à moi, étudiante, qui a des migraines quotidiennes depuis la modification de pilule. On change de nouveau, pour une 3e génération (explication des risques), proposition d'une prise en charge de son acné qui est déséquilibré par l'arrêt de Diane 35 suite à la polémique et au retrait du marché.

 

Appel 13 : un patient handicapé est coincé en bas de l'escalier parce que le fauteuil électrique monte escalier est en panne. Souhaite récupérer une ordonnance faite par DrGéant. Je la lui descends alors que je suis en plein milieu de la consultation 17.

 

Consultation 18 : elle arrive à 18h41. Déjà je l'aime pas. Elle n'est jamais venue au cabinet, elle est suivie par un autre médecin, mais qui a refusé de la recevoir ce soir. Je suis un peu énervée. Elle a une angine virale. Je suis remontée, mais je continue à sourire.

 

Je ferme tout à 19h10, je prends la voiture et rentre à 19h30.

 

Une petite journée.

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 10:45

8h10 Petit déjeuner sur la terrasse, au frais encore ce matin. Que c'est agréable ce soleil dans les yeux !

 

8h15 J'appelle Marie Jeanne, dite MJ la secrétaire, pour connaître les visites déjà prises : Visite 1 dans un village à 8 km du cabinet. Je lance le GPS et je prends la route.

Sur la route, MJ me rappelle pour Mme Visite 2, en ville.

 

Je ne connais pas Mme Visite 1, elle est suivie par le DrGentil. Je tourne un peu pour trouver la maison. La visite est faite à la demande de l'infirmière qui a reçu le bilan hier : on retrouve une anémie, une thrombopénie (peu de globules rouges et peu de plaquettes) et une infection urinaire. Elle prend des anticoagulants, mais ne se souvient pas d'avoir saigné de quelque part récemment, et ce n'est pas noté sur le cahier de liaison des infirmières.

Je choisis de prescrire un antibiotique et de faire recontrôler la formule dans une semaine, en donnant les conseils à Mme Visite 1 en cas d'aggravation.

 

Sur la route pour Visite 2, MJ me rappelle pour 2 visites supplémentaires : 1 pour Mr Visite 3 dans un village à 15 km, et 1 pour l'enfant Visite 4 dans un village à 20km pour une otite.

Je prends le numéro du papa Visite 4 et l'appelle : il voulait que je regarde l'oreille de son fils parce qu'il l'a touchée 3 fois ce week end, et aussi un courrier pour l'ORL. Je refuse gentiment la visite et lui propose d'emmener l'enfant au cabinet ce matin voir DrGéant qui n'est pas débordé.

 

Je connais bien Mme Visite 2, 85 ans, qui est suivie par DrGentil. Elle sent des difficultés à la marche. Elle ne marche pas beaucoup, ne mange plus de viande. Je prends le temps de lui expliquer l'intérêt des protéines, je prescris des compléments alimentaires et de la rééducation pour entretien musculaire.

 

Je ne sais pas où habite Mr Visite 3, et je mets 20 bonnes minutes pour arriver au village, 10 de plus pour trouver la maison (beaucoup de demi tour). C'est un patient de DrGentil (oui, encore), d'origine portugaise, parlant mal un portugo-français approximatif. Il rentre juste des urgences où on lui a posé dans la nuit une sonde vésicale à demeure, sans prévenir l'urologue et sans faire d'ordo pour les soins infirmiers. J'ai donc appelé le secrétariat d'urologie, prescrit les soins infirmiers, et donné les conseils de surveillance.

 

Mme Visite 3 bis, femme de Mr Visite 3, demande à être vue aussi, car elle tombe souvent, par maladresse. Je rappelle que dans ces cas-là, il faut prévenir qu'il y aura 2 personnes à voir, parce que le temps passé n'est pas le même, et que du coup on doit parfois refuser d'autres visites. Je ne trouve rien de particulier à l'examen, j'en profite pour faire sauter le vastarel° en disant qu'il est peut-être responsable, et je lui prescris une prise de sang. Elle veut que je lui fasse un tiers payant, mais elle ne rentre pas dans les conditions de remboursement en tiers payant. Elle finit par faire un chèque.

 

10h30 Je retourne au cabinet pour envoyer les feuilles de soin électroniques et appeler une caisse de sécurité sociale pour régler un problème de facture faite lors d'une visite en garde en tiers payant, qui a été rejetée. Finalement la patiente ne serait pas en ALD, donc pas de tiers payant possible. J'ai appelé le foyer logement pour trouver une solution. Je me suis violemment faite rembarrer. Je rappellerai demain.

 

11h30 Je rentre à la maison, en craignant un nouvel appel de MJ. Mais rien.

J'ai fait 50 bornes ce matin.

 

13h15 Départ pour bureau

13h30 Tri et ouverture du courrier du jour, je lis les courriers qui me sont adressés ainsi que ceux du cabinet. Une facture pour le cabinet. Encore.

13h40  Arrivée simultanée de 2 patients

13h50  Arrivée de MJ

14h11  J'ai assez glandé, faut y aller

 

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 18:40

La médecine c'est facile. Quand on y réfléchit objectivement je veux dire.

Des gens ont fait des études, certes longues, pour apprendre la plupart des maladies, ainsi que la plupart des traitements indiqués dans ces pathologies là.

On voit un rhume, on donne rien (enfin en théorie).

On voit une constipation, on donne un laxatif.

On voit un infarctus du myocarde, on fait une revascularisation quand c'est possible, ou un pontage.

 

La médecine, en somme, c'est une multitude de tiroirs. En fonction de la pathologie diagnostiquée, on ouvre le tiroir correspondant et on écrit notre ordonnance.

 

Bon, après, il faut savoir poser un diagnostic sur des symptômes et un examen clinique. Ca c'est un peu moins facile de l'imaginer sous forme de tiroirs uniques.

Parce que bon, une gastro entérite, ça peut ressembler à une appendicite, à un infarctus mésentérique ou que sais-je d'autre.

 

Mais de toutes façons, la médecine n'est jamais vu de façon objective.

 

Il y a la vision des patients, la vision des médecins eux mêmes, la vision des politiques...

Vous avez surement vu ces photos humoristiques décrivant comment sont perçus les chats du point de vue du chien/du maître/de lui même.

Vous comprenez où je veux en venir.

 

Comme je ne peux pas parler pour les autres, je vais vous décrire l'image que j'ai de mon métier, et ce que c'est réellement, le plus objectivement possible.

 

Quels sont les mots importants pour définir mon métier ?

 

Passion, empathie, amour des autres. Bien. Un brin bisounours cependant.

 

Mais en vrai, peu de reconnaissance, horaires importants, mauvais rémunération. Un peu casse gueule comme discours, maintes fois répété et non politiquement correct.

 

Comment je voyais mon métier avant de le pratiquer ?

 

J'imaginais un partage, entre le médecin et le patient, une confiance qui aurait été établie sur des bases saines, solides.

Je voyais au départ une relation paternaliste. Le médecin sait des choses, prend des décisions, les explique à son patient totalement confiant. Pas de dispute, pas de discussion, pas de méfiance.

 

J'ai revu ma copie en imaginant le médecin plus comme quelqu'un qui a acquis des connaissances, parfois par les cours, parfois par l'expérience, parfois en farfouillant sur le net (non, je n'ai pas la science infuse non).

Lorsque quelqu'un vient consulter, il s'agit pour le médecin de mettre à la portée de son patient les options les plus pertinentes afin que le patient puisse choisir seul la prise en charge qui est la plus adaptée pour lui. C'est ce qu'on appelle un choix éclairé.

 

J'aime bien cette idée de partage des informations, d'éducation des patients à se prendre en charge, le partage des responsabilités aussi.

 

Mais en vrai, la relation établie entre mes patients et moi n'est pas toujours basée sur la confiance. Je peux comprendre les réticences de certains face à mon aspect de jeunette idiote et incompétente (imaginez si j'avais été blonde !).

 

Mais en vrai, je ne prends pas toujours le temps d'expliquer qu'un rhume, c'est viral, qu'il faut consulter après plusieurs jours d'évolution en cas de non-amélioration. Que les antibiotiques, ça n'est pas tout le temps nécessaire. Je ne prends pas toujours le temps d'évoquer les différences entre les molécules permettant de traiter l'hypertension artérielle.

Je me cache derrière une histoire de surcharge de travail. En fait, je pense surtout avoir la flemme, et aussi avoir (déjà) perdu la foi. Je ne me bats plus non plus contre les « non substituable »

 

Mais en vrai aussi, certains patients aiment bien la relation paternaliste, et se sentent en sécurité quand le Docteur dit de prendre du Paracétamol pour la Rhinotrachéite. Ca fait ordre venant d'un grand manitou.

 

En quoi consiste ce métier ?

 

Recevoir de gens malades, qu'ils soient atteints de maladies aiguës ou chroniques. Les prendre en charge de la meilleure façon possible pour leur permettre de continuer leur vie habituelle avec le moins de désagrément possible.

« Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours ».

Ca c'est ma formule. Mon crédo.

Et je leur dis souvent, quand on est face à des situations devant lesquelles je suis impuissante. « Je sais que c'est difficile, malheureusement, je n'ai rien de mieux pour vous soulager ».

Faire du dépistage, de l'éducation à la santé. Voir des enfants et expliquer aux parents l'intérêt des vaccins. Voir des ados et expliquer l'intérêt des préservatifs et de la contraception. Voir des adultes et expliquer l'intérêt des règles hygiéno diététiques.

 

Mais en vrai, je vois des gens souvent peu malade. Qui prennent beaucoup de temps, parce qu'ils pensent que je ne veux pas les aider, et qu'il faut leur expliquer pourquoi je ne leur prescris pas beaucoup de médicaments et que je prends en compte leur demande sans pouvoir leur donner la réponse qu'ils souhaitent.

 

Mais en vrai, les parents font faire les vaccins à leurs enfants sans parfois en saisir tous les enjeux, et je ne prends pas le temps de leur expliquer, puisque le calendrier vaccinal est respecté.

 

Mais en vrai les ados ne viennent quasiment jamais sans leurs parents, et c'est difficile de parler ouvertement de sexualité avec un ado de 16 ans alors que sa maman est à côté de lui. Et je n'arrive toujours pas à faire sortir les parents lors de ces consultations là.

 

Mais en vrai, j'essaie de parler une fois par an d'hygiène de vie et d'équilibre alimentaire. Pas assez souvent à mon goût. Le sevrage tabagique est plus facilement abordable en ces temps de toux et de glaires, mais en été, mes rappels retombent à plat.

 

Comment je me vois travailler actuellement ?

 

Je m'imaginais sauver la veuve et l'orphelin ou presque.

 

Mais en vrai je sauve principalement des rhinos.

 

Mais en vrai, je remplis une tonne de paperasse sans y comprendre grand chose.

 

Mais en vrai, je suis une gérante d'entreprise.

 

Mais en vrai, j'ai l'impression que les gens se plaignent tellement que j'ai tendance à sous-estimer les symptômes décrits par certains.

 

Mais en vrai, j'ai l'impression de faire certains examens cliniques vite fait bien fait et de bâcler mon travail.

 

Qu'est ce qui m'angoisse ?

 

Ne devrais-je pas prendre plus de temps pour chaque patient ?

Ne vais-je pas passer à côté de quelque chose parce que je suis fatiguée ?

Ne suis-je pas en train de moins me soucier de mes patients ?

Suis-je déjà blasée de mon métier, après seulement 1 an d'installation ?

 

Comment je vois mon métier dans l'avenir ?

 

Je vous le dirai dans quelques années. J'espère pouvoir établir une balance, un équilibre entre ce que j'espérais faire et ce que je fais aujourd'hui, et ainsi ne pas m'épuiser tout en restant suffisamment à l'écoute de mes patients.

 

Croisez les doigts...

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 16:54

Moi patiente, je répondrai aux questions sans détour, par des phrases courtes, directes, sans emberlificotage et racontage des histoires de mon arrière grand tante.

 

Moi patiente, je ne répondrai pas à mes propres questions en attendant que tu confirmes mon idée.

 

Moi patiente, je ne chercherai pas un diagnostic sur internet avec mes symptômes. Et je ne te dirai pas non plus quel diagnostic m'inquiète.

 

Moi patiente, je serais claire sur mes symptômes et leur durée.

 

Moi patiente, je me déshabillerai si tu me le demandes.

 

Moi patiente, je ne respirerai fort que si tu me le demandes.

 

Moi patiente, je ne parlerai pas alors que ton stéthoscope est posé sur mon corps.

 

Moi patiente, je ne chercherai jamais à te juger sur la prise en charge que tu choisis d'adopter avec moi, et je dirai OK pour tout analyse proposée et tout traitement envisagé.

 

 

 

 

Mais finalement, voilà, moi, patiente, je n'ai pas su te dire depuis QUAND exactement je me sens si mal, si ça a un lien ou pas avec mon changement de contraception ou avec mon installation. Je t'ai donné en vrac mes symptômes, mes angoisses, les diagnostics que j'avais évoqués avec d'autres consoeurs/copines toute seule.

 

Finalement, moi, patiente, je n'ai pas enlevé mon T-shirt pour que tu m'examines, et j'ai eu du mal à ne pas te donner le symptôme qui me revenait en tête alors que tu m'auscultais.

 

Finalement, moi, patiente, je ne sais pas respirer fort avec la bouche ouverte.

 

Finalement, moi, patiente, je me suis sentie anxieuse et tremblante à l'idée qu'il te vienne à l'esprit un diagnostic plus inquiétant que mon propre diagnostic. Que j'ai fini par lâcher, bien sur, au détour de la conversation.

 

 

 

Cependant, moi, patiente, je me suis sentie en totale confiance, je me suis fiée à ton jugement et à ta prise en charge.

Je me suis sentie entendue et soutenue, même si tu n'étais pas convaincue par mon auto diagnostic.

Et tu as réussi à me faire accepter que c'était peut-être autre chose.

 

 

 

Je tiens donc à dire à tous mes patients chiants, angoissés, que je vous comprends mieux, et que je suis désolée si je vous donne l'impression de prendre vos angoisses par dessus la jambe.

Je ne prends à priori pas grand chose au dessus de la jambe, et certainement pas vos angoisses.

Par contre, je vous laisse peut-être paraître une attitude opposée.

Sachez, Messieurs et Mesdames les Patients, que je vous ai entendus.

 

 

 

 

Et puis aussi, tiens, félicitations à ma magnifique consoeur qui a eu le courage de m'accepter comme une patiente normale.

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