Le métier de médecin n'est pas le plus aisé.
Des horaires extensibles à loisir, y compris pendant les vacances ou les week end (lequel d'entre nous n'a jamais regardé les résultats biologiques sur les serveurs internet ? Lequel n'est jamais retourné au cabinet médical pour lire son courrier avant de revenir?)
Et il paraitrait que c'est encore plus compliqué quand on est une femme.
Quoi ? Nous serions plus faibles ? Moins résistantes ?
Bon, certes, je râle beaucoup, je me plains de la charge de travail. Mais je n'ai pas l'impression de me plaindre plus que mes confrères hommes (bon peut-être un peu, mais c'est surtout lié à mon caractère). Que ceux qui me connaissent me disent ce qu'ils en pensent.
Par contre, en effet, j'ai moins de muscles, j'ai plus de difficultés à bouger le papi de 80kg, tout comme j'ai du mal à bouger une brouette remplie de 80kg de gravier.
Mais passons sur ces considérations.
Ce qui m'ennuie le plus, ce qui me mets le plus mal à l'aise, ce sont les propos limite sexistes tenus à mon encontre.
Les « HOUUUU vous avez mis une jolie jupe » avec une tête évoquant celle du loup de Tex Avery, langue déroulée comprise.
Les regards appuyés sur le petit décolleté que je mets en été, quand il fait 45° dans le bureau.
Les « Et sinon vous êtes mariée ? » en quête d'un, on ne sait jamais, rendez vous ?
Les « J'ai remarqué que j'éternue à chaque fois que j'éjacule, c'est normal ? Je peux vous montrer si vous voulez » (véridique).
Peut-être que j'interprète un peu trop les propos et les comportements de mes patients ?
Peut-être un cours sur la communication non verbale qui m'aurait traumatisé ?
Je vous raconte la dernière expérience en date (hier matin, ce n'est pas vieux).
C'est un ancien patient, dont je soigne toujours l'épouse. Ils vivent à domicile. Elle n'a plus toute sa tête, Aloïs est encore passé par là.
La libido de MrCho est au top de sa forme. Il fait appel au téléphone rose, à des professionnelles, bref, il ne se gêne pas. Ce qui est tout à fait normal et non choquant.
Ce qui peut gêner un peu plus, ce sont les rencontres avec celles de ses voisines qui sont démentes. Mais pourquoi pas, si elles sont d'accord.
Par contre, quand il se permet de me faire des propositions plutôt indécentes, là ça me gêne.
Bien sûr, c'était finement amené, une approche totalement indirecte, voire INNOCENTE, mais tellement chargée de sous entendues.
MrCho « Et sinon, vous êtes mariée ? (Notez toujours la même approche, citée plus haut)
Moi - Oui
MrCho « Et vous avez des enfants ?
Moi - Non
MrCho « C'est vrai qu'avec votre métier c'est difficile. Pourtant les femmes ont été créées pour faire des enfants, mais bon, l'évolution de la société... (AAAAAAH ça commence à me plaire ça)
Moi - C'est certain que mes horaires sont peu compatibles avec un enfant
MrCho « Remarquez, il y en a qui n'y arrivent pas à en avoir, des enfants. Regardez, il y a 6 mois, une des infirmières de mon épouse, avec son mari, ils ne pouvaient pas en avoir. Bon c'était LUI le coupable, il avait des traitements qui rendent stérile. Hé ben elle était triste, mais triste...(Hou le grand méchant mari)
Moi - Moui
MrCho « Bon j'ai bien compris qu'elle me proposait de lui faire un enfant hein. Et j'aurai pu, et DE BON CŒUR docteur. Mais bon, et s'il avait été malformé ? Hein ? On aurait été 3 à être tristes. Elle, son mari, et puis moi. Alors j'ai refusé.
Moi - Mmmmm
Bon, je sais pas vous, mais moi j'ai compris, au milieu de tout ça : « Je suis encore fringuant et vert, j'intéresse des femmes jeunes. Je peux te faire découvrir des choses, Docbulle, c'est quand tu veux où tu veux. ».
Je me suis peut-être montée la tête toute seule hein. Je ne sais pas.
Est ce que les médecins de sexe masculin ont aussi à faire avec ce genre de remarque ?
J'imagine que certains ont eu droit à des érotomaniaques, ou des femmes sans sous vêtements entreprenantes.
Moi je me suis sentie agressée.
Et j'angoisse à l'idée de devoir le recroiser dans 1 mois pour le renouvellement de son épouse.